25

Le psycho-pisteur cliquetait, indéfiniment, trottant vite puis lentement, manquant un cliquetis par-ci par-là, comme mesurerait le temps, par à-coups, une pendule qui aurait le hoquet.

C’était le seul bruit dans la pièce et, pour Adams, il lui semblait qu’il écoutait le battement d’un cœur, la respiration d’un homme, la palpitation du sang dans une veine jugulaire.

Il adressa une grimace à la pile de dossiers qu’il venait de balayer de son bureau pour la jeter à terre d’un geste nerveux de la main. Car il n’y avait rien dans ces dossiers, absolument rien. Chacun était parfait, tous concordaient parfaitement. Les certificats de naissance, les renseignements scolaires et universitaires, les recommandations, les contrôles de loyalisme, les examens psychologiques – tout était ce qu’il devait être. Il n’y avait pas une faille.

C’était cela l’ennui… Dans toutes les archives du service du personnel, il n’y avait pas une faille. Pas une seule chose qu’on puisse relever. Pas une seule chose sur laquelle on puisse fonder un soupçon.

Tout cela avait la pureté et la blancheur du lis.

Et pourtant quelqu’un, à l’intérieur du service, avait dérobé le dossier de Sutton. Quelqu’un du service avait averti Sutton du piège qui lui était tendu aux Armes d’Orion. Quelqu’un l’avait attendu, qui connaissait le piège, prêt à le faire filer hors de portée.

Des espions, se dit Adams. Il leva la main, serra le poing et l’abattit sur le bureau si fort que les jointures des doigts lui firent mal.

Car personne, sinon quelqu’un qui savait, n’aurait pu emporter le dossier de Sutton. Personne, sinon quelqu’un qui savait, ne pouvait connaître la décision de tuer Sutton et les trois hommes qui avaient été désignés pour exécuter cet ordre.

Adams eut un sourire sinistre.

Le pisteur se moqua de lui. Ker-rup, fit-il, ker-rup, clic, clic, ker-rup…

C’était le cœur, la respiration de Sutton… c’était la vie de Sutton qui cliquetait quelque part. Tant que Sutton vivrait, où qu’il fût ou quoi qu’il pût faire, le pisteur continuerait ses cliquetis et ses hoquets.

Ker-rup, ker-rup, ker-rup…

Quelque part dans la ceinture des astéroïdes, avait dit le pisteur, et c’était une indication très générale, mais elle pouvait devenir plus précise. Déjà des vaisseaux avec d’autres pisteurs à bord s’y efforçaient. Tôt ou tard… Question d’heures ou de jours ou de semaines, Sutton serait retrouvé.

Ker-rup…

La guerre, avait dit l’homme masqué.

Et quelques heures plus tard, un vaisseau était passé en hurlant par-dessus les collines, comme une comète, pour s’abattre dans un marais.

Un vaisseau comme personne n’en avait encore construit, dont les armes fondues ne ressemblaient à rien qu’on eût encore inventé. Un vaisseau dont le tonnerre dans la nuit avait éveillé les gens à des kilomètres à la ronde, dont le métal flamboyant avait été comme un phare rutilant dans le ciel.

Un vaisseau et un corps, et une piste qui menait du marais au corps à travers près de trois cents mètres de marécage. La trace des pas d’un homme et le sillon laissé par d’autres pieds qui traînaient dans la boue. Et l’homme qui avait transporté le mort avait été Asher Sutton, car les empreintes de ses doigts avaient été relevées sur les vêtements boueux de l’homme qui gisait au bord du marais.

Sutton, se dit Adams avec lassitude. Toujours Sutton. Le nom de Sutton sur cette page de titre venue d’Aldébaran XII, les empreintes digitales de Sutton sur les vêtements du mort. L’homme au masque avait dit qu’il n’y aurait pas eu d’accident sur Aldébaran XII si Sutton n’avait pas été là. Et Sutton avait tué Benton d’une balle dans le bras.

Ker-rup, clic, ker-rup…

Le Dr Raven, assis dans le fauteuil de l’autre côté du bureau, avait parlé de l’après-midi où Sutton était venu le voir à l’Université.

« Il a découvert le destin », avait-il dit comme si c’était là une chose ordinaire, dont on ne pouvait douter et à laquelle on aurait dû s’attendre depuis toujours.

« Pas une religion, avait précisé le Dr Raven, tandis que le soleil brillait sur ses cheveux d’une blancheur de neige. Oh, grand Dieu, non, pas une religion. Le destin, ne comprenez-vous donc pas ? »

Destin, nom masculin. Destin, le cours prédéterminé des événements, souvent conçu comme une puissance ou une force irrésistible…

« Cette définition classique, avait dit le Dr Raven comme s’il prononçait une conférence magistrale, pourrait bien devoir être légèrement modifiée lorsque Asher écrira son livre. »

Mais comment Sutton pouvait-il avoir découvert le destin ? Le destin était une idée, une abstraction.

« Vous oubliez, avait répondu le Dr Raven, en lui parlant doucement comme à un enfant, le reste de la définition qui parle de puissance ou de force irrésistible. C’est ce qu’il a découvert : cette puissance ou cette force.

« Sutton m’a parlé des êtres qu’il a trouvés sur 61 du Cygne, avait répliqué Adams. Il ne savait pas bien comment les décrire. Ce qu’il pouvait faire de plus approchant, assurait-il, c’était de les définir comme des abstractions symbiotiques. »

Le Dr Raven avait hoché la tête, tiré sur ses oreilles en forme de coquillage, et déclaré qu’à son avis « abstractions symbiotiques » pouvait faire l’affaire, quoiqu’il fût difficile de décider au juste ce qu’était une abstraction symbiotique ou à quoi cela ressemblait.

Ce à quoi cela ressemblait – ou ce que cela pouvait être.

Le robot informateur avait été très technique quand Adams lui avait posé la question.

« La symbiose, avait-il dit, voyons, monsieur, la symbiose, c’est très simple. C’est une association durable, réciproquement profitable, entre deux organismes d’espèce différente. Mutuellement profitable, vous comprenez, n’est-ce pas, monsieur ? C’est ce qui importe – cette affaire d’avantages mutuels. Pas pour l’un seulement des organismes, mais pour les deux.

« Le commensalisme, lui, est tout autre chose. Dans le commensalisme, il y a encore bénéfice mutuel, mais la relation est externe, pas interne. De même, pour le parasitisme, d’ailleurs. Parce que, dans le parasitisme, un seul organisme en tire un avantage. L’hôte, lui, n’en tire pas de bénéfice. Cela peut paraître un peu embrouillé, monsieur, mais…

— Parlez-moi de la symbiose, avait demandé Adams, le reste ne m’intéresse pas.

— C’est vraiment très simple, reprit le robot. Prenez par exemple la bruyère. Vous savez, bien sûr, qu’elle est associée à un certain champignon.

— Non, dit Adams, je ne le savais pas.

— Eh bien, elle l’est. Un champignon qui se développe en elle, à l’intérieur de ses racines et de ses branches, de ses fleurs et de ses feuilles, même dans ses graines. N’était ce champignon, la bruyère ne pourrait pousser sur le genre de sol où elle pousse. Aucune autre plante ne peut pousser sur un sol aussi pauvre. Parce que, voyez-vous, monsieur, aucune autre plante n’a ce champignon particulier, associé à elle. La bruyère fournit au champignon un endroit pour vivre, et le champignon permet à la bruyère de trouver de quoi vivre sur ce sol pauvre que nulle plante ne peut lui disputer.

— Je n’appellerais pas cela une affaire très simple.

— Possible, fit le robot, mais il y a d’autres exemples naturellement. Certains lichens ne sont rien d’autre qu’une association symbiotique d’une algue et d’un champignon. En d’autres mots, il n’existe pas, en fait, de lichen dans un tel cas. Ce sont simplement deux autres éléments.

— Ce qui m’étonne, dit aigrement Adams, c’est que vous ne fondiez pas au soleil éblouissant de vos explications.

— Et il y a aussi certains animaux verts, continua le robot.

— Les grenouilles, fit Adams.

— Pas les grenouilles, certains animaux primitifs très simples. Des choses qui vivent dans l’eau. Ils établissent une relation symbiotique avec certaines algues. L’animal utilise l’oxygène que la plante dégage et la plante utilise l’oxyde de carbone que dégage l’animal.

« Et il y a même un ver associé à une algue symbiotique qui l’aide dans son processus digestif. Tout marche très bien sauf lorsque, parfois, le ver digère l’algue et meurt alors parce que, sans l’algue, il ne peut pas digérer sa nourriture.

— Tout cela est très intéressant, avait dit Adams au robot. Maintenant pouvez-vous me dire ce que pourrait être une abstraction symbiotique ?

— Non, dit le robot, je ne le peux pas. »

Et le Dr Raven, assis près du bureau, avait dit la même chose. « Ce serait plutôt difficile de savoir au juste ce que peut bien être une abstraction symbiotique. »

De nouveau interrogé, il avait répété une fois encore que ce n’était pas une nouvelle religion qu’avait découvert Sutton. « Oh, bonté divine, non, pas une nouvelle religion. »

Et Raven, pensait Adams, était celui qui aurait dû savoir, car il était l’un des meilleurs spécialistes des religions comparées, et il faisait autorité.

Encore qu’il dût s’agir d’une idée nouvelle. Le Dr Raven l’avait dit : « Grand Dieu, oui, une idée absolument nouvelle. »

Et les idées sont dangereuses, avait pensé Adams.

Car les hommes étaient éparpillés dans la galaxie, si éparpillés qu’un mot, oui, littéralement, un seul mot prononcé, une pensée irréfléchie, pouvait suffire à déclencher un enchaînement de violence et de rébellion qui balaierait l’Homme et le renverrait vers le système solaire, le renverrait vers le petit anneau de planètes tournoyantes qui l’avait emprisonné auparavant.

On ne pouvait courir ce risque. On ne pouvait pas jouer avec un impondérable.

Mieux valait qu’un homme meure inutilement plutôt que de voir toute la race perdre son emprise sur la galaxie. Mieux valait que cette idée nouvelle, si grandiose qu’elle pût être, soit effacée et que l’immense rassemblement d’idées que représentait l’espèce humaine ne soit pas rejeté de milliers d’étoiles.

Un : Sutton n’était pas un humain.

Deux : il ne disait pas tout ce qu’il savait.

Trois : il possédait un manuscrit qui n’était pas déchiffrable.

Quatre : il avait l’intention d’écrire un livre.

Cinq : il avait une idée nouvelle.

Conclusion : Sutton devait être supprimé.

Ker-rup… clic… clic…

« La guerre, avait dit l’homme. Une guerre dans le temps. »

Elle serait éparpillée, elle aussi, comme les hommes dans la galaxie.

Ce serait une partie d’échecs à trois dimensions, avec un milliard de milliards de cases, et un million de pièces, et des règles qui changeraient à chaque coup.

Elle reviendrait en arrière pour gagner ses batailles. Elle frapperait en des points du temps et de l’espace qui ignoreraient même qu’il y avait une guerre. Elle pourrait, en toute logique, revenir en arrière jusqu’aux mines d’argent d’Athènes, au cheval et au char de Thoutmès III ou au voyage de Christophe Colomb. Elle engloberait tous les domaines de la culture et de la pensée humaines, et elle fausserait les rêves d’hommes qui n’auraient jamais pensé au temps que comme à une ombre mouvante sur la face d’un cadran solaire.

Elle impliquerait des espions et des agents de propagande, des espions pour connaître les facteurs du passé afin qu’ils puissent être intégrés dans la stratégie militaire, des agents de propagande pour fausser la structure du passé afin que la stratégie puisse être encore plus efficace.

Elle chargerait le personnel du Département de la Justice de l’an 7990 d’espions, de partisans clandestins et de saboteurs. Et elle le ferait si habilement que personne ne décélérait jamais les espions.

Mais comme dans une guerre ordinaire, honnête, il y aurait des points stratégiques. Comme aux échecs, il y aurait une case clé.

Sutton était cette case. Il était la case qui devait être prise et tenue. Il était le pion qui gênait la marche du fou et de la tour. Il était le pion que visaient les deux camps, faisant porter leur pression en un seul point… et quand un camp serait prêt, aurait obtenu un début d’avantage, le massacre commencerait.

Adams croisa les bras sur son bureau et posa la tête sur eux. Ses épaules étaient secouées par les sanglots, mais il n’avait pas de larmes.

— Ash, mon garçon, dit-il. Ash, je comptais tellement sur toi, Ash…

Le silence le fit se redresser dans son fauteuil.

Pendant un instant, il fut incapable de situer… de déterminer ce qui n’allait pas. Et puis il le découvrit.

Le psycho-pisteur avait cessé de cliqueter.

Il se pencha sur l’appareil et écouta : aucun bruit, aucun bruit de battement de cœur, de respiration, de palpitation du sang dans la veine jugulaire.

La force qui le faisait fonctionner s’était arrêtée.

Lentement, Adams se leva de son fauteuil et s’en alla.

Pour la première fois de sa vie, Christopher Adams rentra chez lui avant que ne soit terminée la journée.

Dans le torrent des siècles
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